Quand j'étais moutard, une chose me troublait dans l'éventail des bonbons et confiseries proposées dans les boulangeries pâtisserie.
Je rappelle - sans doute inutilement -, que le martinet faisait dans les années 50/60 partie intégrante des usages punitifs dans l'éducation enfantine, habituel auxiliaire de la fessée manuelle. Le martinet était, en quelque sorte, l'emblème, le symbole de l'autorité parentale, (*) puisqu’on ne fouettait plus à l’école. Celui des instituteurs à odeur de tabac gris, gris comme leur blouse maculée de craie et souvent leur collier de barbe sans moustache, à la mormone, c'était plutôt la baffe.
L'instrument à manche de balai à chiottes égayé couramment de jaune citron et muni de neuf ou douze brins de cuir était naturellement craint des garnements, mais en fait pas tant que cela; tout dépendait du degré de sévérité des parents. La "fessée cul nu au martinet" - pour les cas graves - était évidemment redoutée, mais cela faisait partie de la vie et il était courant que le coupable reconnaisse (en privé et auprès des copains) qu'il avait fait ce qu'il fallait pour mériter la sanction, voire en tirer une certaine fièreté !...
Et pourtant, cet instrument de coercition familiale existait en réglisse, sous forme de friandise !... Ca me laissait pantois !... C’était peut-être une revanche pour celles et ceux qui avaient couiné sous la morsure des lanières que de bouffer l’effigie d’un martinet !... Mais c'étaient bien des adultes qui avaient songé à proposer ce produit aux moufflets...
Les confiseurs tressaient cette matière aux allures de plastique pour en faire un manche d’environ quinze centimètres, couronné de cinq ou six lanières, je ne sais plus, et je n’ai pas trouvé d’images d’archives sur le sujet… Juste du texte : « Je grignotais un de ces faux objets qui me plaisaient tant − un martinet en réglisse ». (Simone de Beauvoir : « Mémoires d’une Jeune Fille ») Et : « Qu’est-ce que tu veux ?... C’est du jambon ou bien des œufs, des caramels, du pain d’épice ou des martinets en réglisse ?...(Charles Trénet : " L’épicière est une Sorcière ").
Je n'en ai jamais voulu, je n'aime pas la réglisse. J’en ai mangé quelque fois pour voir, mais sans plus. C'était fabriqué avec ces espèces de rubans noirs qu'on appelait du "zan", généralement présentés sous forme de rouleaux, avec en leur centre une petite bille vaguement sucrée qui changeait de couleur au fur et à mesure qu'on la suçait. Cela existe sans doute encore.
C'est ça, mais là y a pas la bille centrale... Je trouve l'aspect assez dégueu...
C’est sur ce thème – au sens large – que notre Ellie nationale - et internationale parce qu’il n’y a pas de raisons et que je ne suis pas en France pour le moment, s’est exprimée dans ce petit photo-roman qu’elle m’a adressé…
Les brins du martinet sont assez particuliers. En fait, ils sont de taille normale mais en plus court !... Pas grave, c'est de la création artistique !...
La petite blonde sur sa vespatinette face au vieux pirate pas commode, c'est d'un loup phoque des plus plaisants... Les dialogues laissant présager une fin percutante, plaie mobile sur tapis de coupe, j’aime beau coup !...
Si vous avez la suite ou d'autres productions de ce genre, ma p'tite, n'hésitez surtout pas à nous en faire profiter !... Merci encore...
(*) Je sais parfaitement que cette méthode n'était pas employée dans tous les foyers, n'ayant d'ailleurs jamais moi-même tâté du martinet, mais j'ai eu de très nombreux témoignages.