Belles photos en noir et blanc (bien que le film soit tourné en Technicolor) prises au format 4,5 inches, comme il était courant dans le cinéma hollywoodien des années 60, -1963 dans le cas présent.
Il s'agit d'un western de Andrew V. Mc Laglen, vieux de la vieille du genre, une sorte de sous-John Ford, bon faiseur sans génie, avec John Wayne et Maureen O'Hara : "Le Grand Mc Lintock". "Mc Lintock" tout court dans la V.O.
J'aimais beaucoup les photos de plateau dans la mesure où elles étaient toujours différentes d'un chouïa par rapport au film, puisque le photographe n'était jamais exactement dans l'axe de la caméra pour des raisons matérielles multiples.
La photo de plateau , c'était une sorte de film-bis, et certains magazines qui racontaient les films à la manière des photoromans sur la base de ces photos donnaient un aspect particulier à l'oeuvre. C'était ça sans être ça... On y trouvait même parfois des scènes qu'on avait jamais vues à la projection, pour la bonne raison qu'elles avaient été coupées au montage !...
La photo de plateau, c'était aussi la chronique d'un tournage, pas là seulement pour immortaliser les scènes de comédie. Grâce au photographe, on pouvait voir Gabin bouffer son cassoulet à la cantoche des studios de Boulogne, Boris Karloff grimé en Frankenstein se fendant la pèche à une vanne de son maquilleur (Jack Pierce) ou Bardot nue entre deux scènes déshabillées, et même - je donnerais cher pour retrouver ces images publiées en leur temps dans "Cinémonde" ou "Ciné-Revue" - Catherine Deneuve, enlevée sous le bras de son époux et metteur en scène Roger Vadim, qui lui colle une virile fessée devant toute l'équipe !... Sur son fond de jupe certes, mais quand même... Connaissant les complexités du personnage, il est évident que Vadim ne faisait pas que sanctionner une scène ratée en humiliant ainsi sa -très- jeune interprète.
Cinéma, vérité, les deux ?... Cette photo me fait penser à certaines de Serge et Jane publiées ici même voici quelques mois.
Ah, mais, mon cher Waldo, merci pour cette transition !... Puisque vous parlez de fessée, revenons donc à cette dernière séquence du Grand Mc Lintock !...
Entre quelques bagarres, coups de pétard et aventures diverses, fidèle aux valeurs machistes du vieil Ouest, Big John, à la fin du film, fesse publiquement son épouse qui voulait le divorce et la garde de sa fille. Du coup, elle ne quittera pas sa grande brute d'époux et tout rentrera dans l'ordre. Elle était pas belle, la vie, en ce temps-là ?... Pas de frais d'avocat, pas de pension alimentaire... Une bonne rouste et tout rentre dans l'ordre !...
Le film est divertissant, mais je crois que ce qui restera dans les mémoires c'est la scène de la fessée. Pour ma part, j'ai oublié tout le reste.
Bizarrement, l'accroche publicitaire s'est faite principalement là-dessus, allez savoir pourquoi !... En couleurs...
En noir et couleur ( moche !...)
En ni l'un ni l'autre, mais miss O'Hara est toujours en bonne place sur les gros genoux de Big John.
Ca me fait penser à "Julie-Pot-de-Colle", avec Marlène Jobert et J.C. Brialy. Ceux qui - comme moi - allèrent voir cette comédie sans intérêt sur la foi de l'affiche furent bien déçus.
Surtout que je n'ai jamais supporté les films de De Broca. J'aurais dû savoir à l'avance que ce serait nul, mais non, j'ai voulu voir. C'est dingue ce que l'intérêt pour la fessée peut vous faire faire !...
Quand on regarde un peu attentivement ces photographies, on remarque plusieurs choses. D'abord, le Duke fesse Maureen avec une pelle à charbon, alors qu'il avait des pattes à faire blémir d'effroi la spankee la plus endurante.
Ah, mais voilà... La main sur le cul, même aussi soigneusement emballé comme il est, c'est quand même une main d'homme sur un derrière de femme, et ça peut donner des idées autres que punitives... Au moins, la pelle à charbon, c'est neutre, ça met une distance !...
Dans l'esprit de ces braves puritains faux-jetons, la fessée doit être humiliante pour la victime - d'où la scène devant un public nombreux et "familial" - des gamines, des pépés, des mémés - et drôle (toute l'assistance se marre) de manière à désamorcer ce que la punition pourrait avoir de trouble ou d'excitant.
A part ça je trouve bizarre l'attitude des figurants, surtout ceux du fond sur la droite, avec le buveur de chope. Ces gens ne semblent pas du tout regarder la scène... Les deux fillettes, c'est limite. Sur cette photo, elles considèrent autre chose, on ne sait quoi exactement...
Sur celle-ci, la petite regarde la fessée, la grande mate le crétin bras ballants qui exhibe son sourire fabriqué. (Dents blanches sur le devant, nettement moins vers le fond... Maquillage courant, visible aussi chez les deux gamines.)
Ben voilà. La photo de plateau, qui faisait partie intégrante du cinéma s'est diluée dans les budgets toujours plus serrés. On peut espérer que la photo digitale, qui de fait ne coûte rien par rapport à l'argentique, va ramener cet art parallèle au cinéma. Mais je ne suis pas sûr.